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Quatre filles et un garçon
30 octobre 2010

Samedi 30 octobre

Et zou. Direction Palerme.

La méditerranée s’étend à perte de vue sous les ailes blanches de l’avion.

-           Vous désirez une autre coupe de champagne ? me demande Andy.

Andy est le steward qui s’occupe des quelques veinard dans mon genre à voyager en classe « billet super cher ». Outre le fait qu’Andy est charmant, il a accès à la cave de l’avion et passe donc régulièrement remplir mon verre.

Andy est vraiment charmant.

En plus, Andy me fait des sourires énormes.

Hou la la, je crois Andy m’a fait un clin d’œil.

Mmmm. Je pense qu’Andy veut me saouler pour abuser de moi.

***

Hum. Andy fait des sourires à tout le monde.

Donc :

Soit je suis complètement bourré et je me fais un film en pensant que Andy n’a qu’une idée en tête : me sauter dessus.

Soit Andy a l’intention de se taper tout l’avion y compris le gros monsieur très moche qui est assis à côté de moi.

Conclusion : j’oublie Andy et je sirote mon champagne en lisant Closer.

 

***

Mmmmm. Intéressant.

Y’a le régime des stars d’Hollywood.

Faut dire qu’elles sont toutes sacrément bien foutues. Faut dire aussi qu’elles ne bouffent rien. D’ailleurs, le régime tient en six lignes :

Pas d’alcool.

Pas de graisses.

Pas de sucres.

Pas de viandes.

Pas de légumes.

Que des graines !

De soja. De lin. De tournesol. De quinoa. De courge. Et de trucs que je ne connaissais même pas.

***

Le soleil brille sur Palerme. Du coup, je repère très facilement ma mère. Surtout, l’énorme limousine blanche qui brille devant l’aéroport. Un malabar en costume sombre et paire de lunettes noire s’empare de ma valise comme si c’était une bombe atomique, la jette sur le capot de la voiture, fait sauter les serrures et commence à retourner mes petites culottes. Ma mère me lance un petit sourire contrit. Après avoir presque vidé le contenu de ma trousse de toilette sur le bitume du parking, le gaillard à la mine patibulaire me rend mon bagage avec un rictus approbateur.

-           C’est parce qu’il ne te connait pas encore très bien, me confie ma mère.

Suffisait qu’on se présente. Est-ce que je lui ai fait les poches à machin, moi ?

***

Je crois que j’ai eu la peur de ma vie.

En plus d’avoir une manière étrange de dire « bonjour » en fouillant les valises, le chauffeur de ma mère conduit comme un taré.

La limousine a traversé Palerme en 45 secondes chrono. Pas un feu rouge ne nous a arrêtés. Pas un carabinieri non plus. Et les deux qui ont démarré en trombe en nous voyant débouler à fond les manettes, ont vite abandonné quand notre chauffeur leur a fait un petit signe. Les deux policiers ont répondu par un salut de la main et abandonné la poursuite.

-           Lucio est très... apprécié en ville, me dit ma mère dans un murmure. Il connaît beaucoup de gens. Très importants.

***

Après avoir bravé les embouteillages et emprunté des rues dans lesquelles je n’étais jamais vraiment sûr que notre énorme limousine passe raboter les murs, nous avons quitté la ville.

-           Lucio n’habite pas Palerme ? je demande étonné à ma mère.

-           Un peu plus loin ; sur les hauteurs. C’est une très jolie maison ; très tranquille, tente de me rassurer ma mère.

En fait, ça n’a rien à voir avec une maison. Ni même un palace. C’est une forteresse. Entourée d’un mur immense recouvert de fils barbelés. Avec des tas de caméras dans tous les coins. Et tous les cents mètres, y’a un des frères jumeaux de notre chauffeur : des tas de muscles habillés en salopette noire et rangers.

-           C’est tellement agréable de se sentir en sécurité quand on est dans un pays étranger, me confie ma mère avant de taper sur les touches d’un clavier en acier chromé à côté de la porte de sa chambre.

Pas sur que vivre dans un blockhaus sous la surveillance d’une bande de gardes du corps à la tête de repris de justice me fasse me sentir en totale confiance.

En plus, moi, j’ai pas de code secret à ma porte de chambre !

***

J’irais bien faire un petit tour de Palerme. Roulez comme un fou en scooter. Et puis manger une pizza et des nouilles à la sauce tomate. Mmmm.

Selon ma mère, c’est une mauvaise idée. Y’a pas de scooter dans la villa.

Je vais appeler un taxi, je propose.

-           Les taxis ne montent pas jusqu’ici. Mais si tu veux, on peut prendre la voiture ? elle m’a proposé.

Tant pis pour le scooter. Mais en route pour une virée sicilienne.

***

La virée s’avère être une expédition.

Pas question de partir sans la horde de gros bras qui semblent bien décidés à ne pas laisser ma mère seule une seconde. Même avec son fils.

Heureusement, on a troqué la limousine blanche contre un modèle un peu plus discret – noir – mais pas vraiment plus maniable.

Carlos, le chaperon-chauffeur-garde-du-corps de ma mère a fait une drôle de tête quand j’ai demandé à descendre de voiture pour déambuler dans les petites rue de la ville.

Ma mère lui a fait un petit signe de tête approbateur.

Carlos s’est garé. Est descendu nous ouvrir. A soulevé le coffre de la limousine pour en sortir un énorme sac noir qu’il a chargé sur son épaule.

Et nous sommes partis.

En abandonnant la limousine ouverte.

Pendant quatre secondes.

Comme par magie, deux types sont apparus ; ont sauté dans la voiture et ont démarré sur les chapeaux de roue.

Incroyable ! On vient de se faire tirer notre limousine. Comme ça. En un rien de temps. Je comprends mieux pourquoi le gorille de ma mère n’était pas chaud pour qu’on s’aventure dans les rues.

-           Mais non. C’est Guiseppe et Mauricio. Tu ne les avais pas vus derrière nous en mobylette ? me demande ma mère. Ils vont juste nous suivre un peu. De loin. Ne tant fait pas.

La limousine se met effectivement en route. Au pas. Derrière nous.

Il n’y a vraiment que ma mère pour être rassurée. Moi, je trouve ça super louche. Quant à Carlos, il n’arrête pas de tourner la tête dans tous les sens comme si elle était montée sur un gyrophare. Un coup à droite. Un coup à gauche. Je ne le trouve pas super détendu, le Carlos. Va finir avec un ulcère.

-           Carlos, c’est pas très italien comme prénom, je fais remarquer.

-           Il est Colombien, susurre ma mère.

-           Et pourquoi Lucio a un garde du corps colombien ? je demande.

-           Tu as raison ; moi aussi, je mangerais bien une pizza, elle me répond.

***

Tomates, poivrons, mozzarella, champignon. Miam. C’est une des meilleures pizza que j’ai jamais mangé. Ma mère, elle, me regarde en sirotant un verre de San Pelegrino.

Tout à coup, un scooter déboule devant la terrasse du restaurant. Une détonation claque.

Je suis projeté par terre. Affalé sous la table. Avec ma mère. Et Carlos couché sur nous.

Les portes de la limousine sont grandes ouvertes. Mauricio et Giuseppe ont bondit sur le type qui passait en mobylette et l’ont jeté sur le pavé.

Autour de nous, les autres consommateurs regardent la scène légèrement étonnés. Y’a juste une allemande qui a poussé un petit cri. Tout a été tellement vite. N’ai pas compris grand-chose.

Carlos se relève. Je le vois qui plonge la main dans son grand sac noir pour y planquer quelque chose. Il aide ma mère à se mettre debout avec délicatesse. Par contre, moi, faut que je me débrouille tout seul pour retrouver une position plus confortable.

N’ai même pas le temps de finir ma pizza. Carlos paye l’addition et nous pousse dans la limousine. Direction la villa de Lucio.

***

Décidément, je trouve que ma mère à une vie très... étrange entourée de gens étranges. Ça me met limite la pétoche. Elle en revanche a l’air très à l’aise au milieu de tout ces types à la mines patibulaire.Elle manie tout ce petit monde à la baguette. Y en a pas un pour moufeter.

***

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  • Chaque semaine, vous en saurez plus sur Max, Lucie, Marie, Magali et Nathalie. Vous allez les suivre dans une expérience incroyable, sur leurs lieux de travail, dans leur petit chez eux et... au fond de leur lit ! Bonne lecture à tous
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