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Quatre filles et un garçon

31 octobre 2010

Dimanche 31 octobre

Lalalala.

Pas grand-chose à mettre dans ma valise : Short, maillot de bain, serviette, lunettes de soleil. Et quelques livres pour tuer le temps parce que deux semaines sur une île déserte avec ma mère, ça va être sympa, mais pas la grande éclate. Une chance : aucun de ces gardes du corps ne vient avec nous. Ou alors, n’ont pas grand-chose comme bagages parce que aucun n’a de valise dans le coffre de la voiture qui nous emmène à l’aéroport.

Ma mère,  en revanche, se trimbale une male immense et refuse obstinément que je l’aide à la déplacer. En même temps, un des sbires de Lucio fait ça très bien.

***

Ai beaucoup de mal à croire que je pars comme ça ; en un clin d’œil destination un petit morceau de paradis.

Ma mère trouve ça normal ; enfin, on dirait. Elle est très sereine ; et pourtant, y’a comme une petite lueur qui brille au fond de ses yeux.

-           Je ne t’ai même pas remerciée pour ce voyage surprise et surtout extraordinaire, je lui dis tout ému en entrant dans l’aéroport.

-           C’est rien, c’est Lucio qui paye. Et encore, dans le genre surprise, t’as pas tout vu. Oups, attends-moi un petite minute, il faut que j’aille me remettre du rouge à lèvres.

Elle saisie son énorme valise et pousse son gorille au pas de course.

***

Incroyable ! Ma mère vient de me planter à deux heures de notre avion pour les Maldives.

Encore plus incroyable, ça fait quinze minutes qu’elle a disparu et toujours pas de nouvelles.

Encore plus incroyablement incroyable. Droit devant moi. Avec une petite valise à la main et un grand chapeau Blanc : il y a Jules.

Mon Jules !

***

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30 octobre 2010

Samedi 30 octobre

Et zou. Direction Palerme.

La méditerranée s’étend à perte de vue sous les ailes blanches de l’avion.

-           Vous désirez une autre coupe de champagne ? me demande Andy.

Andy est le steward qui s’occupe des quelques veinard dans mon genre à voyager en classe « billet super cher ». Outre le fait qu’Andy est charmant, il a accès à la cave de l’avion et passe donc régulièrement remplir mon verre.

Andy est vraiment charmant.

En plus, Andy me fait des sourires énormes.

Hou la la, je crois Andy m’a fait un clin d’œil.

Mmmm. Je pense qu’Andy veut me saouler pour abuser de moi.

***

Hum. Andy fait des sourires à tout le monde.

Donc :

Soit je suis complètement bourré et je me fais un film en pensant que Andy n’a qu’une idée en tête : me sauter dessus.

Soit Andy a l’intention de se taper tout l’avion y compris le gros monsieur très moche qui est assis à côté de moi.

Conclusion : j’oublie Andy et je sirote mon champagne en lisant Closer.

 

***

Mmmmm. Intéressant.

Y’a le régime des stars d’Hollywood.

Faut dire qu’elles sont toutes sacrément bien foutues. Faut dire aussi qu’elles ne bouffent rien. D’ailleurs, le régime tient en six lignes :

Pas d’alcool.

Pas de graisses.

Pas de sucres.

Pas de viandes.

Pas de légumes.

Que des graines !

De soja. De lin. De tournesol. De quinoa. De courge. Et de trucs que je ne connaissais même pas.

***

Le soleil brille sur Palerme. Du coup, je repère très facilement ma mère. Surtout, l’énorme limousine blanche qui brille devant l’aéroport. Un malabar en costume sombre et paire de lunettes noire s’empare de ma valise comme si c’était une bombe atomique, la jette sur le capot de la voiture, fait sauter les serrures et commence à retourner mes petites culottes. Ma mère me lance un petit sourire contrit. Après avoir presque vidé le contenu de ma trousse de toilette sur le bitume du parking, le gaillard à la mine patibulaire me rend mon bagage avec un rictus approbateur.

-           C’est parce qu’il ne te connait pas encore très bien, me confie ma mère.

Suffisait qu’on se présente. Est-ce que je lui ai fait les poches à machin, moi ?

***

Je crois que j’ai eu la peur de ma vie.

En plus d’avoir une manière étrange de dire « bonjour » en fouillant les valises, le chauffeur de ma mère conduit comme un taré.

La limousine a traversé Palerme en 45 secondes chrono. Pas un feu rouge ne nous a arrêtés. Pas un carabinieri non plus. Et les deux qui ont démarré en trombe en nous voyant débouler à fond les manettes, ont vite abandonné quand notre chauffeur leur a fait un petit signe. Les deux policiers ont répondu par un salut de la main et abandonné la poursuite.

-           Lucio est très... apprécié en ville, me dit ma mère dans un murmure. Il connaît beaucoup de gens. Très importants.

***

Après avoir bravé les embouteillages et emprunté des rues dans lesquelles je n’étais jamais vraiment sûr que notre énorme limousine passe raboter les murs, nous avons quitté la ville.

-           Lucio n’habite pas Palerme ? je demande étonné à ma mère.

-           Un peu plus loin ; sur les hauteurs. C’est une très jolie maison ; très tranquille, tente de me rassurer ma mère.

En fait, ça n’a rien à voir avec une maison. Ni même un palace. C’est une forteresse. Entourée d’un mur immense recouvert de fils barbelés. Avec des tas de caméras dans tous les coins. Et tous les cents mètres, y’a un des frères jumeaux de notre chauffeur : des tas de muscles habillés en salopette noire et rangers.

-           C’est tellement agréable de se sentir en sécurité quand on est dans un pays étranger, me confie ma mère avant de taper sur les touches d’un clavier en acier chromé à côté de la porte de sa chambre.

Pas sur que vivre dans un blockhaus sous la surveillance d’une bande de gardes du corps à la tête de repris de justice me fasse me sentir en totale confiance.

En plus, moi, j’ai pas de code secret à ma porte de chambre !

***

J’irais bien faire un petit tour de Palerme. Roulez comme un fou en scooter. Et puis manger une pizza et des nouilles à la sauce tomate. Mmmm.

Selon ma mère, c’est une mauvaise idée. Y’a pas de scooter dans la villa.

Je vais appeler un taxi, je propose.

-           Les taxis ne montent pas jusqu’ici. Mais si tu veux, on peut prendre la voiture ? elle m’a proposé.

Tant pis pour le scooter. Mais en route pour une virée sicilienne.

***

La virée s’avère être une expédition.

Pas question de partir sans la horde de gros bras qui semblent bien décidés à ne pas laisser ma mère seule une seconde. Même avec son fils.

Heureusement, on a troqué la limousine blanche contre un modèle un peu plus discret – noir – mais pas vraiment plus maniable.

Carlos, le chaperon-chauffeur-garde-du-corps de ma mère a fait une drôle de tête quand j’ai demandé à descendre de voiture pour déambuler dans les petites rue de la ville.

Ma mère lui a fait un petit signe de tête approbateur.

Carlos s’est garé. Est descendu nous ouvrir. A soulevé le coffre de la limousine pour en sortir un énorme sac noir qu’il a chargé sur son épaule.

Et nous sommes partis.

En abandonnant la limousine ouverte.

Pendant quatre secondes.

Comme par magie, deux types sont apparus ; ont sauté dans la voiture et ont démarré sur les chapeaux de roue.

Incroyable ! On vient de se faire tirer notre limousine. Comme ça. En un rien de temps. Je comprends mieux pourquoi le gorille de ma mère n’était pas chaud pour qu’on s’aventure dans les rues.

-           Mais non. C’est Guiseppe et Mauricio. Tu ne les avais pas vus derrière nous en mobylette ? me demande ma mère. Ils vont juste nous suivre un peu. De loin. Ne tant fait pas.

La limousine se met effectivement en route. Au pas. Derrière nous.

Il n’y a vraiment que ma mère pour être rassurée. Moi, je trouve ça super louche. Quant à Carlos, il n’arrête pas de tourner la tête dans tous les sens comme si elle était montée sur un gyrophare. Un coup à droite. Un coup à gauche. Je ne le trouve pas super détendu, le Carlos. Va finir avec un ulcère.

-           Carlos, c’est pas très italien comme prénom, je fais remarquer.

-           Il est Colombien, susurre ma mère.

-           Et pourquoi Lucio a un garde du corps colombien ? je demande.

-           Tu as raison ; moi aussi, je mangerais bien une pizza, elle me répond.

***

Tomates, poivrons, mozzarella, champignon. Miam. C’est une des meilleures pizza que j’ai jamais mangé. Ma mère, elle, me regarde en sirotant un verre de San Pelegrino.

Tout à coup, un scooter déboule devant la terrasse du restaurant. Une détonation claque.

Je suis projeté par terre. Affalé sous la table. Avec ma mère. Et Carlos couché sur nous.

Les portes de la limousine sont grandes ouvertes. Mauricio et Giuseppe ont bondit sur le type qui passait en mobylette et l’ont jeté sur le pavé.

Autour de nous, les autres consommateurs regardent la scène légèrement étonnés. Y’a juste une allemande qui a poussé un petit cri. Tout a été tellement vite. N’ai pas compris grand-chose.

Carlos se relève. Je le vois qui plonge la main dans son grand sac noir pour y planquer quelque chose. Il aide ma mère à se mettre debout avec délicatesse. Par contre, moi, faut que je me débrouille tout seul pour retrouver une position plus confortable.

N’ai même pas le temps de finir ma pizza. Carlos paye l’addition et nous pousse dans la limousine. Direction la villa de Lucio.

***

Décidément, je trouve que ma mère à une vie très... étrange entourée de gens étranges. Ça me met limite la pétoche. Elle en revanche a l’air très à l’aise au milieu de tout ces types à la mines patibulaire.Elle manie tout ce petit monde à la baguette. Y en a pas un pour moufeter.

***

29 octobre 2010

Vendredi 29 octobre

Big Boss a tout juste ronchonné quand je lui ai demandé des vacances.

Nathalie est dégoutée. N’arrive pas à me parler sans terminer ses phrases par « enfoiré ».

Lucio se réjouit que je tienne compagnie à ma mère d’autant plus que ses affaires dans la capitale (ou dans la jungle ?) colombienne ont l’air de se compliquer un peu et qu’il ne devrait pas rentrer avant au moins une petite quinzaine.

Ma mère a payé mon billet d’avion. Avec la platinium de Lucio.

Et moi, je vais voyager en grande classe. Avec une coupette de champagne.

Suis en période de chance.

***

Un vrai pot de ... cocu !?

***

27 octobre 2010

Mercredi 27 octobre

R.A.S.

Rien de rien.

***

Question : je subie ou je passe à l’action ? Je laisse ma vie sentimentale partir en couilles ou je me ressaisie et je recolle les morceaux ?

Question bis : Quand ça tourne en eau de boudin, y’a-t-il des chances de pouvoir faire reprendre la mayonnaise ?

Question ter : A quelle heure le prochain avion pour l’autre bout du monde où doit certainement se trouver ma mère ?

***

Voilà. C’est décidé. Je vais partir.

Ou plutôt, je pars. Loin.

Je sais bien ce que vous allez dire.

Fuir les problèmes ne les résoud pas.

Mais :

JE M’EN TAMPONNE.

Ma mère n’a pas paru surprise lorsque je lui ai raconté que Jules avait disparu de ma vie et que je voulais me changer les idées. C’est même elle qui m’a proposé de passer quelques jours avec elle.

-           Ça tombe bien, je suis seule pour une dizaine de jours. Lucio est parti pour ses affaires. En Colombie. Je ne sais pas pourquoi il n’a pas voulu que je l’accompagne.

***

Le problème d’aller se ressourcer auprès de ma mère qui fricote avec le roi de la mafia sicilienne en mangeant du caviar, c’est que ça nécessite une certaine organisation, un passeport et surtout un billet d’avion. Avant qu’elle ne rencontre son italien, ma mère vivait en banlieue ; du coup, c’était beaucoup plus facile pour aller passer un petit weekend durant lequel elle invitait ses copines de la chorale à chanter pendant qu’un bœuf bourguignon mijotait. Finis les plats en sauce et les réunions de sexagénaires chantonnant, ma mère a succombé à la mode bling-bling.

Question : Où vais-je la rejoindre ?

-           Suis à Dubaï. Aux portes du désert.

Moi qui pensais que ma mère se prélassait 365 jours par an sur le yacht de son mafioso quelque part au milieu du Pacifique, suis déçu.

-           J’avais besoin de refaire ma garde-robe. Et très franchement, c’est à Dubaï qu’on trouve les boutiques les plus chics. Paris est totalement dépassé. Tout juste bon pour les vielles rombières.

Bon, ben, pourquoi pas finalement, passer une petite semaine au milieu des gratte-ciel futuristes et des centres commerciaux enterrés sous le désert.

Á moi les hôtels grandioses posés sur des îles artificielles.

Á moi le luxe et la volupté.

Á moi Dubaï ! Et qui sait : un richissime roi du pétrole ? Ça me changera de mon ex-futur héritier des mines d’or africaines.

-           Ça ne va pas être possible, me lance ma mère.

-           Je te rassure maman, je n’ai pas l’intention de draguer dans le désert !

-           Non, mon Chéri, je parle de Dubaï ; ça ne va pas être possible, je rentre demain à Palerme.

C’est bien Palerme ?! Ça doit être dépaysant. Pourrai me faire un suicide aux pates et aux pizzas.

-           Je croyais que tu voulais venir avec moi ? s’étonne ma mère.

-           Ben, oui, pourquoi ?

-           Parce que je ne reste pas en Sicila, elle me dit avec un accent italien pas très convainquant. Je suis épuisée d’avoir fait les magasins ici, je pars me reposer aux Maldives !

-           ...

-           Chéri ?

-           Heu,... oui ?

-           Tu fais quoi, alors ? Tu viens ? me demande ma mère.

-           Au Maldives ? Beuhhh, oui.

Tsss. C’te folie !

***

Question : Vais-je tenir le coup, 10 jours sur une île grande comme un bac à sable avec ma mère ?

Réponse : Je pense que je vais faire un petit effort !

25 octobre 2010

Lundi 25 octobre

Pas de nouvelle de Jules.

Je crois qu’il va falloir que je m’y habitue parce qu’à ce rythme-là, suis pas sûr d’avoir une petite carte de lui pour mon départ en retraite.

***

L’inspecteur Mascot qui s’occupe du cas de Nathalie – enfin, surtout de celui de son mystérieux expéditeur de petits cercueil – nous a convoqué dans le bureau de Big Boss avec semble-t-il de bonnes nouvelles.

-           Nous avons retrouvé la fameuse Irina, nous annonce-t-il tout de go.

Je vois une lueur de soulagement briller dans le regard de Nathalie.

-           Dans des circonstances pour le moins étranges, nous avoue-t-il.

Dans les yeux de Nath, le soulagement vire à l’intérêt.

-           Mais encore ? demande Big Boss intrigué, lui aussi.

-           A la morgue de Moscou, confie l’inspecteur. Elle a été victime d’un accident de voiture. Son véhicule est tombé dans un ravin et a explosé. Les autorités russes ont eu beaucoup de mal à l’identifier. Elle était totalement défigurée.

-           Quand on pense à la fortune qu’elle a dépensée pour se refaire le nez, c’est ballot ! ricane Nathalie.

-           Comment pouvez-être sûr qu’il s’agit d’elle, interroge Big Boss.

-           Il l’on identifiée avec le numéro de série de ses faux nichons ! glousse Nath.

-           Presque, corrige l’inspecteur que je soupçonne d’être sur le point d’éclater de rire. En fait, grâce aux moulages de ses dents qui ont résisté à l’accident.

-           Si c’est vraiment elle qui avait une dent contre toi, elle était solide, je plaisante à mon tour.

-           Nous avons effectivement retrouvé dans son appartement son journal intime. Elle n’y a pas écrit précisément avoir fomenté quelque chose contre vous, mais il est sûr qu’elle ne vous portait pas dans son cœur ; elle vous accablait de quelques noms pas très flatteurs.

-           C’est bien triste pour elle, soupire Big Boss.

-           J’espère que cela va mettre un point final à notre affaire, souligne l’inspecteur. Je propose que la surveillance soit cependant maintenue quelque temps. Mais j’ai bon espoir.

***

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24 octobre 2010

Dimanche 24 octobre

Magali est venue récupérer Rex à

22 heures

. Nathalie n’en pouvait plus. La pauvre bête qui était un peu perdue au début a très vite adopté sa nouvelle gardienne.

-           Il me suit partout où je vais. Il voulait même venir avec moi dans mon bain. Il me regarde en permanence. Et dès que je bouge le petit doigt, il remue la queue. Ah si tous mes amants étaient aussi réactifs...

***

Zut ! On ne sait toujours pas à quoi ressemble le mystérieux vétérinaire.

***

22 octobre 2010

Vendredi 22 octobre

Vais passer un week-end atroce. Tout seul. Au lieu d’être dans les bras de Jules.

Et Jules, lui, il va faire quoi ?

Boire du champagne avec cette conne de Natacha pour fêter sa rupture ? Se trémousser en boîte avec le blondinet pré-pubère ?

Beerrrkkk !

***

20h10

– Téléphone.

-           Au secours !

C’est la voix de Nathalie.

-           Qu’est-ce qui se passe ? je crie paniqué. L’assassin est dans ton appartement ? Cache-toi dans la salle de bain. Enferme-toi dans les toilettes ! Vite.

Oh, c’est horrible ! Ma meilleure amie va se faire trucider par un tueur slave et je vais suivre le massacre au téléphone. Sans pouvoir rien faire. Peux pas appeler la police puisque suis en ligne avec Nathalie. Et vais pas raccrocher et la laisser seule pendant ses derniers instants.

Quel cauchemar !

-           Hurle, appelle ton gorille, je hurle, hystérique.

-           Tu délires ou quoi ? m’interrompt Nathalie.

-           ... ?

-           Je suis sérieuse. Cette salope sort de chez moi à l’instant et...

-           Natacha est venue chez toi ? Qu’est-ce qu’elle voulait ? Elle a dit du mal de moi ? Elle t’a parlé de Jules ? Il veut me revoir ?

-           T’as pris un truc ou quoi ? Ç’a doit être drôlement fort parce que t’as l’air d’être sacrément perché. Redescends sur terre. Je ne te parle pas de Natacha.

Ben, moi en matière de salope, j’en connais qu’une et c’est Natacha ?

-           Je te parle de Magali !

Magali n’est pas une salope.

-           Tu te souviens que le véto qu’elle a rencontré devait venir chez moi. J’avais tout prévu. Petit dîner rapide et léger. Nuisette. Et tout le tremblement. Pour passer un week-end avec lui. Et bien, c’est elle qui est venu.

Un truc à trois ? Entre Nathalie, Magali et un vétérinaire. Hum !

-           C’est un plan foireux. Si tu savais le cauchemar que je vis...

-           Il est si moche que ça son mec ? je demande dubitatif. Je croyais que c’était une bête de compétition.

-           J’en sais rien ; je l’ai même pas vu.

Bon, là, je ne comprends rien.

-           Cette garce me laisse son chien. Oui, c’est son chien qu’elle me refourgue ! Pour se tirer en week-end. Avec son vétérinaire.

Je me disais bien que c’était bizarre de prêter son mec pour un week-end. Nettement plus que de refiler Rex-le-chien. Ouf !

***

Á mon avis, quand Mag’ disait l’autre soir qu’il était « plein d’énergie » ; avec « un appétit de loup », et que c’était une « une vraie bête de compétition », je crois qu’elle parlait plus de Rex-le-chien qui avait retrouvé la forme que de son vétérinaire. Oups !

***

Nath’ m’a invité à dîner. On va manger ce qu’elle avait prévu pour sa petite soirée.

Et puis samedi et dimanche, on ira jouer à la baballe avec Rex-le-chien.

Super week-end !

Vivement lundi qu’on retourne au boulot.

21 octobre 2010

Jeudi 21 octobre

Jules : Jour J+2 post Démarrage prise de recul

Moi : Jour J+2 post Nouveau célibat

Nathalie : Jour J+2 post Garde du corps

Lucie : Jour J+2 post Fille-mère

Magali : Jour J+2 post Charmant vétérinaire

***

Ce soir, on a rendez-vous au Corner. Ça va faire du bien à tout le monde de se retrouver autour de coupettes de trucs avec plein d’alcool dedans et de siroter en tentant d’oublier tous ces mecs. Et surtout d’en savoir un peu plus sur le véto de Magali. Moins glamour qu’une histoire d’amour avec un riche chirurgien genre série téloche américaine avec des tas de coucheries dans les blocs opératoires, mais étant donné l’état affectif de chacun de nous, c’est mieux que rien.

***

20h00

– Manque que Magali. Sinon, tout le monde est là. Même le gorille de Nathalie est assis à quelques mètres du bar à siroter un jus d’orange.

Enfin, la star de la soirée fait son entrée. Mag arrive. Resplendissante.

-           Alors ? on s’écrit en chœur.

-           Alors, quoi ? elle répond.

-           Le vétérinaire ? on hurle.

Magali me fusille du regard.

-           Je croyais que ça devait rester entre nous. Y’avait pas un post scriptum à mon mail ?

-           Euuhh... J’ai du transférer le mail par erreur, je mens.

-           Bon, alors ce véto ? reprend Nathalie.

-           Génial. Plein d’énergie. Un appétit de loup, elle répond. Une vraie bête de compétition.

-           Ça laisse rêveur, s’extasie Nath. Et tu me le prêterais ?

-           Ce week-end si tu veux, propose Mag. Ça tombe bien, je ne sais pas quoi en faire.

-           T’en fais pas. Je vais l’occuper. J’ai plein d’idées. Y va pas s’ennuyer, sourit Nathalie.

-           C’est super cool. Je te l’emmène vendredi soir, comme ça tu auras une soirée de plus avec lui. Suis soulagée, soupire Magali.

-           Si ça peut te rendre service. Tope-la !

Moi, je trouve que Magali prête facilement son nouveau petit copain. Me demande si je prêterais Jules comme ça. Bon, d’accord, Nathalie est une copine. Mais tout de même !

En fait, la question ne se pose pas vu que Jules m’a largué. Affaire classée.

***

20 octobre 2010

Mercredi 20 octobre

La salope.

La salope.

La salope. La salope. La salope.

Natacha a réussi son coup.

C’est fini.

***

Jules m’a appelé hier soir.

J’étais super content d’avoir enfin de ses nouvelles. Même si après 4 jours de silence, je trouvais que ça commençait à sentir furieusement mauvais. Très mauvais. Et ben, hop ! Mon nez ne m’avait pas trompé.

Jules veut faire un break. Une pause.

Il veut réfléchir.

Faire le point.

Le bilan.

***

-           T’en fais une tête, me dit Nathalie alors que son gorille monte la garde devant la porte de mon bureau comme si il y avait le moindre danger au journal. Franchement, à part se faire descendre par Véronique, Martine, Hanz et Big Boss, je ne vois pas ce qu’elle risque.

-           Jules veut qu’on fasse un break. Je pense qu’en fait, il veut arrêter mais qu’il n’ose pas me le dire.

-           Qu’est-ce qui te fait croire qu’il ne veut pas juste prendre un peu de recul ?

Question : une histoire d’amour est-elle comme un film un peu compliqué qu’on mettrait sur « pause » le temps de comprendre l’intrigue avant de se replonger dedans, l’esprit clair ?

-           Ç’a t’arrive souvent ? je lui demande.

-           Quoi ?

-           De mettre un film sur « pause » pour y penser et de faire « play » à nouveau ? Moi, quand je comprends rien, c’est pas sur « pause » que j’appuie, c’est sur « stop ».

Question : Jules a-t-il une télécommande et va-t-il zapper notre histoire et changer de programme parce qu’il ne comprend pas où ça va ?

***

Notre histoire a commencé comme une comédie romantique avec Julia Roberts genre Le Mariage de ma meilleure amie. Puis, on a connu l’aventure au soleil de la Crête façon Le Lagon bleu. Après, ça a viré au drame psychologique genre Woody Allen avec cette connasse de Natacha. En quelques mois, on a dû passer par toutes les lettres de la classification cinématographique. On a même fait dans le X. Mmmmm. Mais là, je crois qu’on est arrivé à la lettre Z. Ça vire au nanar !

***

Vais appeler Lucie pour savoir si elle a des infos. Après tout, elle est la cousine par alliance de Jules. Elle doit bien être au courant de quelque chose.

Aie. La pauvre puce est en pleurs au téléphone.

-           Martin a fait sa valise ce matin. Il est parti chez sa mère ; il m’a dit de ne pas m’en faire ; que c’était juste pour quelques jours ; le temps de se ressaisir ; qu’il avait besoin de faire un break ; une pause. Il veut réfléchir ; faire le point.

Ça doit être de famille cette histoire de bilan. Jules, Martin : même combat ?

Y’a vraiment que Nathalie qui a un mec qui ne la lâche pas. C’est vrai, celui-là est flic et doit la surveiller nuit et jour. Ça simplifie les choses.

J’ai un peu du mal a trouver les mots pour remonter le moral de Lucie. Pourrais lui dire des trucs du genre : « T’en fais pas, je suis sûr qu’il va revenir » ; « il n’est pas loin. Juste parti en vacances chez sa mère. Dans deux jours, il revient. On parie ? » mais j’ai peur de ne pas avoir l’air très convaincu.

Normalement, quand les gens sont tristes, on change de sujet pour leur faire oublier leur soucis mais puis-je décemment lui dire que Jules m’a aussi laissé en plan ? Et d’un autre côté, puis-je aborder des trucs aussi futiles que la couleur du ciel ? Les programmes télé de la soirée ? Alors qu’elle doit carrément s’en taper ; et que moi aussi. 

Heureusement, Magali arrive à mon secours.

Alors que je pianote sur mon ordinateur en écoutant Lucie me vanter les qualités de son Martin, un mail de Magali apparaît sur l’écran.

De : Nathalie@aubureau.com

Objet : Ça va mieux

Bonne nouvelle. Rex est en pleine forme.

Vétérinaire très compétent. Très charmant.

P.S. : stp garde ça pour toi. 

Très charmant !

Très charmant ?

Hou la la. Se trame quelque chose.

Enfin une bonne nouvelle.

Je transferts le mail de Magali à Nathalie, Lucie et Marie.

Post scriptum ? Quel... ? Ah, oui. Pas de panique. Franchement, entre nous. Si vous avez un secret ; un truc que vous ne voulez pas que les autres apprennent - franchement, vous l’écrivez dans un mail alors qu’on nous répète tous les jours que RIEN n’est plus secret ; que toute la planète entière peut lire nos mails ; qu’avec internet, notre vie privée peut être piratée par des enfants de 5 ans qui savent à peine compter. Tsss. Tsss. Soyons sérieux.

Suis sûr que Mag’ n’attend qu’une chose : que tout le monde lui pose des questions sur son vétérinaire.

***

19 octobre 2010

Mardi 19 octobre

-           Raté, soupire Nathalie, alors que la boule de papier que je viens de lancer en direction de la poubelle rebondit par terre et roule aux pieds de... Gloria.

-           Désolée de vous interrompre. Sa voix de crécelle me tire de mes pensées moroses. Mais nous vous attendons depuis deux minutes dans la salle de conférence. Et vous savez combien Big Boss déteste que l’on soit en retard.

Gnagnagna.

***

Dieu le père est assis au bout de la grande table. Véronique à sa droite. Autrement dit à ma place. N’aime pas du tout ça. Les doigts boudinés de Big Boss tapotent sur le bois massif.

-           J’espère que vous avez une bonne raison pour m’avoir fait attendre, gronde le patron.

Oui, mon Jules me fait la tête et j’ai raté la poubelle avec une boulette de papier.

-           Je présentais à Max mes idées de nouvelles chroniques, ment admirablement Nathalie penchée très en avant pour offrir à Big Boss une vue plongeante sur son décolleté et obtenir par la même occasion son absolution.

Big Boss a une absence d’une demi-seconde, avant de se ressaisir. 

-           Véronique, c’est à vous.

-           Merci Jâââcques, susurre Véronique entre ses dents de carnassier.

Voilà que cette conne dit « Jâââcques » comme Martine. Est-ce qu’il va falloir que moi aussi je m’y mette ? Nathalie a l’air du même avis que moi ; je vois ses yeux se lever vers le ciel.

-           En m’offrant l’opportunité de rejoindre la rédaction, Jâââcques m’a aussi confié une mission : reconquérir le public masculin que notre magazine a perdu depuis quelques temps, trop tourné vers les rubriques féminines sans véritable fond.

Les yeux de Nathalie s’ouvrent tout grand. Je peux voir la pointe de deux missiles nucléaires briller au fond. Nath’ ouvre la bouche mais Big Boss lui clou le bec d’un petit geste – ferme – de la main. Véronique sourit de contentement et poursuit :

-           J’ai donc décidé de supprimer la rubrique des sports...

Tous les regards des participants en disent long de la surprise de cette annonce.

-           ... pour développer un véritable cahier totalement dédié à ce domaine d’actualité extrêmement générateur de revenus publicitaires.

Véronique fait une pause pour savourer son effet.

Nathalie profite du silence pour bondir telle une lionne sur l’antilope.

-           Ça n’a rien de révolutionnaire ; nous avons adopté exactement la même stratégie avec le supplément féminin ; c’est d’ailleurs grâce à lui que nous avons engrangé 35% de publicité supplémentaire la semaine de son lancement.

-           Pour finalement accuser une baisse de 15% en cumul sur les dernières semaines et perdre 20% de notre lectorat masculin, lance une voix masculine au fond de la salle. Ainsi que des annonceurs historiques comme des constructeurs automobiles qui s’adressent à ce public masculin...

Hanz est debout et pointe un petit faisceau laser sur l’écran où apparaissent des tas de graphiques auxquels je ne comprends pas grand-chose.

-           Une erreur de la régie publicitaire du journal qui n’a pas su vendre la cible féminine alors que l’on sait très bien que les femmes sont les éléments décideurs du couple pour les achats concernant le ménage, rebondit Nathalie. Et donc les votures.

Big Boss fronce les sourcils.

Véronique claque des doigts.

Hanz se rassoit.

***

-           Bien dressé le toutou à sa mémère, ricane Nathalie, vautrée dans le fauteuil dans mon bureau. Tu crois que si elle lui lance un os, il court le chercher et lui rapporte en remuant la queue ? J’aimerais bien l’avoir d’ailleurs sa queue.

-           Tu ne devrais pas crier victoire, je soupire. Je te rappelle que Véronique a préconisé une diminution du nombre de pages du supplément féminin pour augmenter la rubrique sport sans taper dans le budget du journal.

-           T’en fais pas ! Je m’occupe de Big Boss...

-           A propos, regarde un peu qui passent dans le couloir.

Big Boss en grande discussion avec Hanz précède Véronique, hilare, accompagnée de Martine. Nathalie bondit de son siège et ouvre la porte en grand.

-           Vous allez déjeuner ? elle demande tout sourire. Je peux me joindre...

-           Je vous verrai à

15h.

Pile ! répond Big Boss sans se retourner. Ne me faîtes pas attendre comme ce matin.

Le ding de l’ascenseur retentit et les portes se referment étouffant les rires de Martine et Véronique. Nathalie, elle, ne rigole plus. Mais alors plus du tout.

***

13h10

– Vais avoir un peu de mal à digérer les nems de chez Tang si je continue de penser à toutes les catastrophes qui s’abattent sur ma pauvre petite tête depuis quelques jours.

1 – Jules me boude ;

2 – Natacha me prend pour un gigolo ;

3 – C’est la guerre au boulot.

14h15

– Comme la loi des séries ne concerne pas que les crashs aériens, une autre mauvaise nouvelle pointe le bout de son nez. J’ajoute donc un 4 à ma liste des merdes du jour :

4 – Rex-le-chien est malade.

Magali m’a appelé en larmes (me semble bien que c’est la première fois qu’elle pleure) ; elle doit filer chez le véto en urgence.

14h38

– Je me disais bien que 4 emmerdements, ça n’était pas assez ; allez, zou ! Un petit 5ème pour la route.

5 – Nathalie a reçu un mini cercueil noir dans une boite à chaussures.

Son persécuteur lui en veut vraiment – ou alors c’est un grand voyageur - parce que le colis a été posté de Russie.

De Russie !

Pourquoi de Russie ?

15h10

– Suis dans le bureau de Big Boss. Nath’ m’a précédé de 10 minutes. Leur discussion a très vite changé de sujet. A l’origine, il était prévu un point sur l’avenir du supplément féminin mais quand Big Boss a vu Nathalie débarquer avec une tête de six pieds de long et un petit cercueil sous le bras, il a vite compris que la priorité n’était plus au journal.

-           Vous attendez que votre collaboratrice soit retrouvée assassinée pour me faire part des menaces qui lui sont faites ? m’engueulent Big Boss.

-           C'est-à-dire que..., je bredouille.

-           C'est-à-dire que nous en reparlerons plus tard, me lance-t-il, avant de décrocher son téléphone. Passez-moi l’inspecteur Mascot, ordonne Big Boss.

***

Et un petit 6 à ma liste des plans foireux de la journée :

6 – Big Boss va me passer un putain de savon.

***

Question : est-ce qu’une fois les 10 merdasses atteintes, je gagne un truc ?

***

Nathalie a passé son après-midi enfermée dans la salle de conférence avec l’inspecteur de police appelé par Big Chef. Il lui a posé des tas de questions sur qui pouvait bien lui en vouloir. La nouvelle a fait le tour du journal et tout le monde y va désormais de ses supputations sur le qui et le pourquoi des menaces. Et le premier sur la liste des suspects, c’est le gros François, l’ancien chef de la pub, que Nathalie a dénoncé à sa femme parce qu’il la trompait.

La police a confirmé que c’était une possibilité, mais personne ne comprend comment le gros François arrive a envoyé des cercueils depuis la Russie alors qu’il est en maison de repos au fin fond de la Creuse et en pleine dépression.

-           Peut-être qu’il a demandé à Irina de les envoyer pour lui, a proposé Karine, la secrétaire gentille-mais-un-peu-cul-cul-la-praline entre deux gorgées de café devant le distributeur. Ils s’entendaient très bien tous les deux ; surtout depuis le jour où Irina avait laissé le gros François lui tripoter les seins en échange de son intervention auprès de Big Boss pour que la rubrique jardinage saute au profit d’une page en plus pour les produits de beauté. Le gros François avait pipeauté les chiffres de la pub sur le jardinage pour que Big Boss valide la suppression de la rubrique. Du coup, Irina le laissait la peloter de temps en temps.

-           Comment sais-tu ça ? je demande, songeur.

-           C’est Irina qui me l’a raconté le soir où nous avons fêté son anniversaire dans un restaurant russe. On était complètement bourrées toutes les deux. Faut dire qu’on avait descendu une bouteille de Vodka chacune ; je me rappelle aussi...

N’ai pas entendu la suite de l’histoire.

« Bon sang, mais c’est bien sûr » me suis-je écrié dans ma tête, comme Maigret.

Les pièces du puzzle se sont emboîtées toutes seules à la vitesse de la lumière.

A/ Nathalie a été nommée responsable du magazine féminin évinçant Irina ;

B/ Irina, russe aux gros seins en silicone, est rentrée dans son pays où elle est devenue star de la télé en fricotant avec le chef de la mafia locale.

C / Irina veut se venger et tente de faire assassiner Nathalie par un tueur à gage de l’ex-URSS.

La boucle est bouclée.

***

L’inspecteur de police trouve aussi que tout cela se tient. Nathalie va devoir être sous surveillance 24 heures sur 24 avec un policier en civil qui la suivra partout où elle ira.

-           Vue sa tête, pas question qu’il me suive sous la douche ou dans mon lit, elle me confie en vitesse pendant que son gorille parle avec son chef, l’inspecteur Mascot.

Je l’envie presque d’avoir un garde du corps personnel. Un peu comme les vedettes.

-           Si tu veux je te le prête. Avec les petits cercueils et le tueur russe.

***

Je crois que ce qui la gène vraiment, c’est qu’avec un policier sur ses talons non-stop, elle ne va pas pouvoir se livrer à son loisir favori : s’envoyer en l’air avec des supporteurs de foot.

Par contre, je crois qu’elle n’aurait pas été contre une surveillance rapprochée par l’inspecteur Mascot.

***

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