Mardi 7 septembre
Big Boss mâchouille la bouche entr’ouverte. Je vois les petits morceaux de viande qui tournent. C’est écoeurant. Preuve qu’on peut péter dans la soie et manger comme un cochon.
- Venons en au fait. Ma femme a-t-elle besoin d’une assistante ?
- C'est-à-dire que…
Big Boss pose ses couverts. Et soupire. Et murmure :
- C’est-à-dire que « non », mais qu’elle vous bassine avec cette histoire depuis des lustres et que la seule façon de vous débarrasser d’elle c’est d’essayer de me faire gober qu’elle est débordée et qu’il lui faut cette assistante pour que vous, vous ayez la paix. C’est bien ça ?
- En résumé, oui, je soupire à mon tour.
- Et donc ? me demande Big Chef en s’enfilant une poignée de frites.
- C’est la question que j’allais vous poser.
- Ai-je vraiment le choix ?
- Vous pouvez refuser.
Big Chef fait une pause dans sa mastication. Déglutie. Avale une gorgée de vin et me fixe droit dans les yeux.
- Vous savez quelle différence il y a entre vous et moi, Max ?
- Heu,… Vous êtes le patron ?!
- Pire. Je suis le mari de ma femme. Alors ?
- Vous n’avez pas le choix, je compatie.
Big Boss reprend une frite, l’air pensif.
- Mais vous n’avez pas tort. C’est quand même moi le patron ! ajoute-t-il avec une petite lueur amusée au fond du regard.
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