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Quatre filles et un garçon
6 septembre 2010

Lundi 6 septembre

-           Un vrai râtelier qui raye le parquet.

-           Vous parlez de qui ?

Y’a une manif’ devant la machine à café de la rédaction. Carine, la secrétaire du service, a l’air toute retournée.

-           J’ai une copine qui travaille dans la même radio qu’elle. Il paraît que c’est une vraie garce.

-           Mais enfin de qui parlez-vous ? C’est énervant à la fin, je soupire.

-           De la remplaçante de Paul au service des sports. Carine l’a croisée dans les couloirs, elle sortait de chez Big Chef, un sourire carnassier aux lèvres, marmonne Mireille, une des comptables.

-           Une fille au service des sports, c’est comme si un mec dirigeait le supplément féminin. C’est grotesque. Chacun sa place ! ricane un journaliste de la rubrique auto.

Nathalie le foudroie des yeux.

-           Tu crois qu’une femme ne peut pas parler de foot, Ducon-la-joie. File pisser de la copie sur tes moteurs diesel avant que je te fasse muter dans mon équipe pour tester des crèmes anti-cellulite.

Le type ingurgite son café d’une traite. A voir sa grimace, il s’est cramé la glotte.

***

Martine est carbonisée. Le prochain stade de son bronzage, c’est « tas de cendre » !

-           Jâââcques et moi avons passé quatre semaines merveilleuses dans l’océan indien.

Nathalie est derrière Martine et fait des « Gnagnagna » avec ses lèvres. Martine a dû voir mon regard amusé qui louche par dessus son épaule parce qu’elle se retourne d’un coup et surprend presque Nath’ en flagrant délit de grimace.

-           Nathalie, ma chère, vous devriez faire attention. Avec ces grimaces épouvantables, vous allez avoir des rides un peu partout. Déjà que vous avez tendance à marquer aux coins des yeux, lui lance Martine sèchement avant de revenir à moi.

-           Mâââx, il faudrait que je vous voie à propos de ma rubrique du courrier des lectrices.

-           Nathalie est la rédactrice en chef du supplément féminin. C’est elle que vous devez voir.

-           Mais, je viens de la voir, proteste Martine, faussement innocente.

-           Heu. Vous n’avez pas parlé de la chronique, mais de…

-           Peu importe de quoi nous avons parlé, je l’ai vue. C’est ce que vous vouliez, non ? J’ai besoin d’une discussion sérieuse. Je vous propose cet après-midi. Disons vers

17h.

Avant je ne peux pas, j’ai repris mes cours particuliers de fitness. Ces vacances paradisiaques avec leurs buffets à volonté sont un vrai cauchemar pour ma ligne.

-           Vous voulez dire « pour vos courbes » ? demande Nathalie toute souriante.

Martine pivote sur ses talons aiguilles en direction de son bureau, non sans fusiller Nath’ du regard.

-           A plus tard, Mâââx. Je compte sur vous, dit-elle sans se retourner.

Nathalie fulmine.

-           Si tu vois cette grosse vache, je te fais la gueule jusqu’à tes 60 ans.

-           Du calme, je n’ai pas le choix. D’autant que ça ne m’engage à rien ; et puis, je lui dois une fière chandelle après ce qu’elle a fait pour moi. Elle m’a filé un sacré coup de main !

***

17h

– Martine est dans mon bureau. Elle porte encore sa tenue de sport dont un collant rouge qui fait ressembler ses jambes à deux mortadelles. Sa salle de fitness n’est autre que le bureau de Big Boss.

-           … vous comprenez bien, Max, que cette situation ne peut plus durer. Vous comprenez, n’est-ce pas ?

-           Situation ? Quelle situation ?

-           Mais le fait que je n’ai pas d’assistante pour m’aider à dépouiller le courrier que toutes ces femmes m’adressent chaque semaine. Je suis leur amie. Leurs lettres sont des appels au secours. Et moi, je dois les aider… Comme je vous ai aidé lorsque vous avez eu besoin de moi… Vous vous souvenez de cette grande soirée que j’ai organisée pour vous et durant laquelle nous avons récolté des fonds que jamais vous n’auriez trouvés sans moi…

Chantage, pas chantage ? J’hésite.

-           Bien sûr, Martine. Je me souviens très bien. Ça n’était pas vraiment pour moi mais pour les habitants de l’oasis[1].

-           Peu importe la raison. Les faits sont là, mon cher Max…

Hou la la, ça se gâte !

-           … sans moi vous n’auriez pas récolté tout cet argent.

-           Puisque nous parlons argent, chère Martine, je crois que Jacques serait la personne à voir pour cette histoire d’assistante, c’est lui le grand chef. Et vous êtes sa femme ; ça ne devrait pas poser de problème pour négocier.

-           Jâââcques veut votre aval. Il vous fait entièrement confiance et n’accordera cette assistante que si vous la demandez. Alors ?

Alors, suis dans la merdouille. Je botte en touche.

-           Martine, je vais y réfléchir.

-           Je n’attendais pas moins de vous. A demain, donc ?

Demain. Mais…

Mais trop tard, Martine est déjà dans le couloir, debout sur ses deux saucissons !

***


[1]    Voir Quatre filles et un garçon. Après des vacances en Mauritanie, Max a l’idée d’organiser une grande opération caritative pour envoyer des stylos aux villageois d’une oasis.

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Quatre filles et un garçon
  • Chaque semaine, vous en saurez plus sur Max, Lucie, Marie, Magali et Nathalie. Vous allez les suivre dans une expérience incroyable, sur leurs lieux de travail, dans leur petit chez eux et... au fond de leur lit ! Bonne lecture à tous
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