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Quatre filles et un garçon
12 octobre 2010

Mardi 12 octobre

Ma mère m’a appelé ce matin. Á l’aube. Juste avant de prendre l’avion pour aller de Dubaï à je-ne-sais-où. Me demande comment elle fait avec ces décalages horaires. Moi, rien que de passer à l’heure d’été, suis tout chamboulé.

-           Mon chéri, je te sens perturbé justement en ce moment.

-           Je ne vois pas de quoi tu veux parler, ai-je réussi à dire, le nez enfoui dans l’oreiller.

-           Ne te voile pas la face. Je ne sais pas ce que tu me reproches, mais visiblement, il y a quelque chose qui ne passe pas.

-           Ne ramène pas tout à toi, maman. J’ai d’autres problèmes à régler et avec d’autres personnes.

-           Tu reconnais donc avoir des problèmes ! C’est une première étape.

-           Maman, il est à peine

7 heures

du matin, et je ne pense pas que ce soit l’heure idéale pour une psychanalyse à deux balles.

-           Et pourtant…

-           Et pourtant quoi ?

-           Puisque tu en parles. Nous pourrions suivre une thérapie familiale. Entreprendre un travail sur notre relation.

-           Maman, tu n’as rien d’autre à faire à cette heure-ci ?

-           Si, justement. Il faut que je me dépêche de finir ma valise. Avant, laisse-moi te dire quelque chose. Mon amie Monica Von Demluft m’a raconté qu’elle avait un problème avec sa chatte. Son mari refusait de d’y toucher. La pauvre bête se sentait complètement abandonnée ! Sur les conseils de sa belle-sœur, Monica a décidé de se lancer dans une thérapie familiale pour régler le différend affectif entre, je la cite : « elle, son minou et son mari ». Un miracle ! Elle m’a glissé dans le creux de l’oreille que, depuis, son mari s’en occupe tous les jours. Je peux te dire que rien que d’en parler, elle avait l’air très heureuse. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi elle m’a fait promettre de n’en parler à personne ! Tu imagines ce qu’une thérapie peut faire à propos d’un chat ?

-           Maman, tu est sûre que ta Monica te parlait d’un animal et pas de sa…, de son….

-           Mais enfin, de quoi veux-tu qu’elle m’ait parlé ?

-           De sexe, maman. De son sexe !

-           Tu veux dire que la ch... chatte en question n’a rien à voir avec une petite bête. Qu’elle me parlait de sa…, de son… Oh, mon Dieu, je n’y ai pas pensé une seconde ! Peu importe. En tout cas, elle a retrouvé le sourire !

Si son mari s’en charge tous les jours, je la comprends.

-           Et bien, moi, Maman, je n’ai aucun problème de… foufoune ! Tout va bien.

-           Je t’en prie, chéri, tu parles à ta mère.

-           C’est toi qui as commencé. Et puis une thérapie demande des mois, des années,…

-           Pas du tout. Figure-toi que trois jours suffisent. Monica ma donné l’adresse du centre où elle a été. Dans les Alpes. Il y a une formule express. Le samedi, atelier collectif : chacun dit à l’autre ce qu’il lui reproche ; le dimanche, on remet les choses à plat tous ensemble, et le lundi…

C’est suicide collectif ?

-           On déjeune dans un esprit convivial, et tout est pardonné. Ça n’est pas en me gavant de tartiflette que je vais garder la ligne. Heureusement, j’ai ma petite technique…

-           De quoi tu parles ?

-           Je mange… et hop !

-           Hop ? Hop, quoi ?

-           Tu sais bien, je vais faire un petit tour aux toilettes me repoudrer le nez, et hop… !

-           Maman, arrête avec tes « hop » ! Hop quoi ?

-           Ce que tu peux être nunuche, elle soupire. Hop, je vomis un petit coup, dit-elle à voix basse.

-           Mais c’est dégoûtant ! je hurle en imaginant ma mère penchée au-dessus de la cuvette des toilettes à se titiller la glotte, deux doigts plongés au fond de la gorge.

-           J’ai toujours des pastilles à la menthe dans mon sac !

-           Peu importe. Et puis, franchement, c’est un truc de gamines anorexiques. C’est très mauvais pour la santé ! Lucio…

-           Lucio ne sait rien. Il a beau être millionnaire, il n’aime pas qu’on gâche la nourriture ! Et pour ce week-end thérapeutique, alors ? Monica m’a assurée que ce sont des gens charmants. Des juifs. Ils finissent toutes leurs phrases en applaudissant et en hurlant Mazel tov. Il paraît qu’on doit même participer aux tâches collectives.

Me vois pas du tout passer un week-end dans un kibboutz savoyard à faire des confidences entre deux bouchées de raclette kascher.

-           C’est pour ton bien, mon chéri. Tout le ghota s’y arrête en allant à Gstaad. Avec les relations de Lucio, je devrais pouvoir nous décrocher un rendez-vous très rapidement.

C’est tout réfléchi.

C’est Niet

***

Aie. Le psychopathe russe a encore frappé.

L’ai tout de suite deviné en voyant Nathalie assise dans mon bureau. Elle faisait une super drôle de tête. Pour dire vrai, elle avait carrément une sale gueule.

N’ai pas eu à lui demander le pourquoi de cette tronche. Sur ses genoux reposait une feuille de papier avec un cercueil dessiné en rouge.

Comme avec du sang. Berk !

***

Ce soir, réunion avec les filles.

Ordre du jour ultra chargé qui relègue les séances extraordinaires du conseil de sécurité de l’ONU au rang de surprises-parties.

POINTS Á ABORDER

- Bilan de santé de Rex-le-chien par Magali,

- Évolution de la guerre froide entre Martin et Lucie,

- Plan d’action anti-psychopathe slave pour protéger Nathalie,

- Analyse de la situation de crise entre Paulo et Marie.

- Vote pour ou contre le maintien du boycott de Jules par Moi.

Bref, on n’est pas couchés !

***

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Commentaires
Quatre filles et un garçon
  • Chaque semaine, vous en saurez plus sur Max, Lucie, Marie, Magali et Nathalie. Vous allez les suivre dans une expérience incroyable, sur leurs lieux de travail, dans leur petit chez eux et... au fond de leur lit ! Bonne lecture à tous
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