Marie 2 - 7
Je regarde ma valise.
Je regarde ma montre.
Je regarde mon téléphone.
Bip-Bip-Bip.
Il m’inquiète. Depuis une semaine, il fait des drôle de bruits. Je n’ai pas de message. Ni sur mon répondeur, ni par SMS. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Faut que je lise le mode d’emploi d’urgence. Mais où est-il ?
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Voilà. Facile. Suffisait d’appuyer deux fois sur une petite touche verte. Silence.
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J’ai passé une demie heure à chercher ce mode d’emploi. Une demie heure à le lire. Super. Je sais, j’ai perdu une heure, mais,… mais,… mais merde ! Voilà, merdeuuuhhhh ! Je n’ai pas envie de quitter mon petit appartement.
J’ai la trouille d’aller chez Marie.
Non, je n’ai pas peur de prendre le métro. Ou de me perdre dans les rues. Non, j’ai peur de me retrouver seul avec Paulo. Les gosses, c’est comme les téléphones, je n’y connais rien.
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Question : Si Paulo se met à faire bip-bip, vais-je trouver la petite touche verte qui le calmera ?
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Allez, courage. Quand faut y aller, faut y aller.
Alors, j’y vais !
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Marie est super contente de me voir.
- Je suis ravie que tu aies accepté. Tu me sauves. Et puis, Paulo a besoin d’un homme à ses côtés quelques temps. Un peu d’autorité lui fera du bien.
Aie. Me voilà promu « Père fouettard ». Ai-je l’âme d’un grand méchant loup ?
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La liste des choses que Paulo n’a pas le droit de faire est longue de deux pages. La liste de ce que je dois faire en comporte seize. Suis au bord du désespoir. Ca doit se voir sur mon visage parce que dès que Marie a le dos tourné, Paulo me met la main sur l’épaule :
- T’en fais pas. Ca va bien se passer.
C’est si bon de se savoir soutenu.
Et quand le petit part dans sa chambre, Marie confirme :
- Tout ira bien. Ca va être génial.
Les avis sont unanimes, il n’y a donc aucune raison que ça se passe mal. Quoique. Il y a seize pages de raisons que tout tourne à la catastrophe. Par exemple : samedi matin, 9h30 – Piscine. Et si je ne me réveille pas ?
- Humm. Y a peu de risques ! me rassure Marie. Paulo se lève à 8h00.
- Oui mais là, c’est samedi !
- Pour Paulo, les week-ends n’existent pas.
Comment vais-je faire ? J’ai besoin de ma grasse matinée. Si je ne dors pas le week-end, alors quand ?
- Au fait, un samedi par mois, Paulo et ses copains organisent une soirée pyjama chez l’un ou chez l’autre. Cette semaine, ça tombe chez nous.
Une fois, moi aussi, on m’a invité à une soirée pyjama. Bon, là, il fallait avoir plus de 18 ans et le pyjama était superflu. Ai décliné l’invitation. Je ne suis pas très « groupe ».
- En plus, ce sera l’anniversaire de Kevin, le meilleur ami de Paulo. Il faudra lui acheter un cadeau, je n’ai pas eu le temps.
Je récapitule donc mes activités du week-end prochain.
Samedi :
8h00 – Réveil
9h30 – Piscine
14h00 – Achat cadeau Kevin
18h00 – Arrivée des 4 monstres
19h00 – Soirée pyjama.
Super !
Et dimanche ?
- Je rentre de New-York. Venez me chercher à l’aéroport. Je suis sûre que ça amusera Paulo et ses copains de voir les avions. J’atterrie à 6h00 !
C’est le pompon !
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Dois ajouter un truc sur ma to-do list de 16 pages :
- Acheter 25 tubes de vitamines
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Marie a passé tout l’après-midi a décortiqué la liste des choses que je peux faire, ne pas oublier de faire, faire absolument, ne surtout pas faire,…
- Pas de panique, mon vieux. Je te l’ai dit. Ne te prends pas la tête, écoute ton instinct !
Mieux vaut que je fasse la sourde oreille parce qu’en moment, il me recommande de prendre mes cliques et mes claques.
- Si vraiment il arrive quelque chose de grave, appelle ma mère. Elle est en vacances dans le sud, mais elle se débrouillera pour remonter. Je suis sûre que ça ira.
Paulo me regarde bizarrement. Je n’arrive pas à savoir lequel de nous deux est le plus angoissé.
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La soirée s’est merveilleusement déroulée. On a mangé des pommes de terre bonhomme avec du poisson pané et un tube de compote en dessert.
Paulo est parti se coucher à 20h30. Moi aussi ! Faut que je prenne des forces. Demain, Marie décolle à 6h00. Et je commence mon CDD de papa à 7h00 !
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Au secours !
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